La parole contraire

La parole contraire

"Je revendique le droit d'utiliser le verbe "saboter" selon le bon vouloir de la langue italienne. Son emploi ne se réduit pas au sens de dégradation matérielle, comme le prétendent les procureurs de cette affaire. Par exemple : une grève, en particulier de type sauvage, sans préavis, sabote la production d'un établissement ou d'un service. Un soldat qui exécute mal un ordre le sabote. Un obstructionnisme parlementaire contre un projet de loi le sabote. Les négligences, volontaires ou non, sabotent. L'accusation portée contre moi sabote mon droit constitutionnel de parole contraire. Le verbe "saboter" a une très large application dans le sens figuré et coïncide avec le sens d'"entraver". Les procureurs exigent que le verbe "saboter" ait un seul sens. Au nom de la langue italienne et de la raison, je refuse la limitation de sens. Il suffisait de consulter le dictionnaire pour archiver la plainte sans queue ni tête d'une société étrangère. J'accepte volontiers une condamnation pénale, mais pas une réduction de vocabulaire." Erri De Luca.

Auteur d'une œuvre abondante et l'un des écrivains italiens les plus lus dans le monde, Erri De Luca est aujourd'hui poursuivi en justice pour avoir soutenu le mouvement NO TAV qui s'oppose à la construction de la ligne à grande vitesse du val de Suse.

Détails du livre

À propos de l'auteur

Erri De Luca

Erri De Luca est né à Naples en 1950 et vit aujourd’hui près de Rome. Venu à la littérature «par accident» avec «Pas ici, pas maintenant», son premier roman mûri à la fin des années quatre-vingts, il est depuis considéré comme l’un des écrivains les plus importants de sa génération, et ses livres sont traduits dans de nombreux pays. En 2002, il a reçu le prix Femina étranger pour «Montedidio».

Commentaires

Il n'y pas encore de commentaire pour ce livre.

Vous aimerez aussi