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"En 1945, le jeune Philippe Jaccottet signe une critique élogieuse du recueil Verdures de la nuit, de son compatriote suisse Maurice Chappaz. S’ouvre un dialogue complice et fraternel qui va durer près de soixante ans, entre deux poètes que tout semble opposer. Chappaz le "catholique païen" est l’homme des hymnes à la vie et à la nature ; Jaccottet, à la rigueur toute protestante, est traversé de doutes et de chants tourmentés. L’un profondément enraciné dans le Valais, grand marcheur et nomade dans l’âme, se passionne pour les contes africains, le bouddhisme, la Bible, l’Orient... tandis que Jaccottet, plus sédentaire mais "sans racines", voyage dans les livres qu’il admire et traduit les plus grands auteurs européens. Volontiers militant et polémique, Chappaz défend un Valais ancestral menacé de disparition et s’alarme des premières destructions de l’environnement, tandis que Jaccottet rend compte inlassablement des œuvres de son temps. Tous deux admirent profondément le poète Gustave Roud et posent, dans son sillage, la question toujours exigeante du rapport entre la poésie et l’existence, "poursuivant les mêmes fuyants signes avec une même obstination". Tous deux encore traduisent les grandes voix de l’Antiquité, l’un Homère, l’autre Théocrite et Virgile. Avec un enthousiasme lucide et toujours mesuré, Jaccottet porte l’œuvre de Chappaz vers les lecteurs français en passeur infatigable. Chappaz, par sa vitalité exubérante et généreuse, communique à Jaccottet une force rassurante. Cette amitié de toute une vie, sans failles, nous rappelle que les dissemblances intimes comme la distance géographique, loin de toujours séparer, peuvent nourrir des liens vivants." J.-F. T.

Détails du livre

À propos de l'auteur

Philippe Jaccottet

Poète, essayiste et traducteur suisse d’expression française, Philippe Jaccottet est né dans le canton de Vaud en 1925. Après des études de lettres à Lausanne, il s’installe à Paris puis à Grignan, dans la Drôme, où il vit. Traducteur de Goethe, Hölderlin, Musil, Rilke, Thomas Mann…, il est l’auteur d’une œuvre importante, pour l’essentiel publiée aux Éditions Gallimard, dont, récemment : La seconde semaison. Carnets (collection blanche, 1996), Observations et autres notes anciennes (1947-1962) (collection blanche, 1998), Carnets 1995-1998 (collection blanche, 2001), Et, néanmoins (collection blanche, 2001), Cahier de verdure (Poésie/Gallimard n° 383).

Maurice Chappaz

Né à Lausanne en 1916, aîné des dix enfants de l'avocat Henri Chappaz et neveu du Conseiller d'Etat Maurice Troillet, Maurice Chappaz passe son enfance à Martigny et à l'Abbaye du Châble, dans la maison familiale de sa mère. Dès 1937, il entreprend à Lausanne des études de droit, qu'il abandonne en 1940 pour s'inscrire à Genève à la faculté des lettres. La même année, Un homme qui vivait couché sur un banc lui vaut le Prix de la Suisse Romande. Gustave Roud et Charles-Ferdinand Ramuz l'encouragent. La mobilisation de 1939-1945 met un terme définitif à ses études. En 1947, il épouse Corinna Bille, avec qui il aura trois enfants. Pour gagner sa vie, il travaille dans les vignes de son oncle à Fully, puis sur le chantier de la Grande Dixence en qualité d'assistant géomètre. Il collabore au mensuel Treize étoiles. En 1979, à la mort de son épouse, il s'établit au Châble. Il se remarie en 1992, et vit entre Le Châble, Veyras et le Vallon de Réchy. S'il est un défenseur acharné du patrimoine naturel et de la vie traditionnelle du Valais, il a néanmoins beaucoup voyagé. Reconnu par ses pairs, il a reçoit le Prix Lambert en 1953, le Prix de l'État du Valais pour l'ensemble de son œuvre en 1985, le Grand Prix Schiller et la Bourse Goncourt de poésie en 1997. En 2001, l'ambassadeur de France à Berne le fait Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres, consacrant la dimension francophone et internationale de son œuvre. Maurice Chappaz est mort en janvier 2009 à Martigny (canton du Valais).

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